Critique livre : Meurtre entre soeurs, de Marcia Willet

Il avait épousé un actrice. Elle avait épousé un pilote de la RAF. Il était un petit employé de banque. Elle était insignifiante. Ils auraient du se rencontrer dès le départ, mais ils avaient voulu se marier avec des gens qui n’étaient pas fait pour eux. La guerre (la 2ème) les avait libérés de ce mari et cette femme encombrants, et le destin les avait mis face à face. Mo et Pa étaient faits l’un pour l’autre. Restaient à convaincre leurs filles respectives, du même âge. Cadeaux, cajoleries, promesses mirobolantes : Olivia et Emily savaient y faire pour manipuler leurs parents et obtenir ce qu’elles voulaient. Ce qu’elles n’avaient pas prévu, c’est que Mo et Pa mettraient un petit en route. Une petite sœur pour Liv et Emy, n’est-ce pas une bonne nouvelle ?!

Étrange bonne nouvelle que cette Rosemarie, la petite princesse de leurs parents, il n’y a plus qu’elle au monde, Liv et Emy n’existent plus qu’en périphérie. Deux tentatives de meurtre sur le bébé, un après-midi d’été d’été, deux actes manqués qu’elle regretteront toute leur vie de ne pas avoir menés à bien. Car leur petite sœur est un monstre sous des allures de bouton de rose, qui sur plus de 50 ans, parviendra à miner, et détruire méthodiquement toute la vie de ses demi-sœurs.

***

J’ai l’habitude de me faire avoir par les quatrièmes de couverture, et pourtant, je continue de m’en étonner. Si j’avais seulement pris la peine de lire que ce roman avait d’abord été publié chez Autrement, je ne l’aurais probablement pas acheté. Les choix littéraire d’Autrement, je connais, j’y ai travaillé C’est pas toujours très brillant. Et quand c’est brillant (Angela Barret, par exemple), c’est affreusement mal traduit, ou pire, expurgé d’une partie du texte. De l’édition comme dans les années 50. Bon bref, revenons à nos moutons.

J’avais acheté ce Meurtres entre sœurs pour la promesse d’un cynisme à l’anglaise et d’un humour corrosif. Las ! ce n’est guère corrosif, et au mieux, gentiment cynique. Pour un sujet pareil, il y avait pourtant de quoi faire. Et puis les anglais savent si bien y faire en matière de méchanceté, on en attend tellement d’eux, qu’on finit par en attendre trop. Soyons franc, le livre est sympathique, léger, il se lit vite et facilement et fait une très bonne lecture de vacances, de plage. Vite lu, un peu vite oublié.

Le problème, c’est surtout que je n’aime pas la notion de livres de vacances (je ne suis pas en vacances), je lis des livres toutes l’année, je n’ai pas de livres pour les vacances d’été, des livres pour les vacances de Noël, des livres pour les vacances au ski et des livres pour aller voir la mer, des livres de non-vacances, de non-été, de non-ski. Je lis toute l’année, je veux des livres qui soient tous égaux. Qui me donnent tous quelques chose dans lequel planter mes dents. Je fais confiance à la quatrième de couv’ pour me guider. Si elle m’en promet trop, j’ai tendance à en vouloir au livre de n’être pas aussi bon qu’il le devrait. Je sais, ce n’est pas sa faute, à ce pauvre chéri, mais que voulez-vous je suis un peu injuste !

Oh allez, il n’est pas mauvais, ce livre. Juste un peu trop léger pour me laisser autre chose qu’un léger souvenir. Si vous aimez les romans de vacances, ou si trop de cynisme vous effraie, ce livre est pour vous. Si vous préférez la méchanceté version Jane Austen, passez votre chemin : on est très loin du niveau 9ème dan en langue de vipère de la Grande Jane.

(préférez Kate Atkinson, tiens, si vous cherchez un vrai bon auteur anglais, contemporain et caustique)

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