
« Je ne suis pas un faussaire historique. »
Ben non, bonhomme, tu es.. tu es… attends, je cherche… Tu es un historiopolygraphe à la conscience idéologique tourmentée. C’est ça ?
Plus un débat tombe de haut et s’écrase au plus bas, plus vous êtes sûr de faire une belle omelette. Non ? C’est pas ça ? Je sais pas. Moi je trouve que le débat Métronome a fait un chute spectaculaire dans tous les domaines de l’intelligence humaine, et tout aussi spectaculairement implosé au contact de ce que la politique a de plus… beurp…
L’Histoire ? Pfff, tout le monde s’en fout de l’Histoire ! Il y en a… oh allez… trois qui ont parlé d’Histoire et ce sont ceux qui dénonçaient le livre. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ne doivent pas être déçus du voyage : Corbière (élus de Paris FdG, et prof d’Histoire-Géo, comme par hasard) monté en première ligne pour défendre son argument s’est fait traité de stalinien… partout, William Blanc de Goliard[s] a été personnellement pris pour cible par Lorànt Deutsch qui a un peu de mal avec les principes simples d’argumentation (les attaques personnelles n’ont jamais fait avancé le débat) et j’imagine que Christophe Naudin d’Histoire Pour Tous ne s’en est pas sorti non plus sans une ou deux bosses.
Bon on reprend du début et on décortique un peu : notre histoire commence par un petit bonhomme acteur qui s’ennuie le dimanche en lisant Céline, il décide de faire un livre d’Histoire, parce que mazette, c’est à la portée de tout le monde, il suffit de lire pleins de livres d’historiens et de les citer comme ça, tac tac je balance tout en vrac. Euh… pfff… mmmhhh… okay… Analyse, esprit critique, recul ? On s’en fout, c’est bon pour les collégiens, moi ch’uis adulte, ch’uis connu, je fais ce que je veux ! Vingts historiens pointilleux viennent de succomber à leurs blessures.
A ce niveau-là, faire un livre dans ces conditions, ça sent déjà l’arnaque. Pourtant, c’est la justification première de Deutsch :
« Je n’invente rien. Je peux vous dire que tout ce qui est écrit sort de livres. Je ne suis pas chercheur au CNRS, ni archéologue. On peut sûrement taxer « Métronome » d’être une compilation d’ouvrages. Je l’accepte. Voyez, on m’accuse de mal dater le début de la construction du Louvre. Eh bien, la date avancée dans mon étude (sic), je la reprends dans un livre d’Henri Sauval, un des plus grands historiens du XVIIe. Je l’avoue, je fais mon mea-culpa, je n’ai pas cité toutes ces sources, et je le regrette. »
« Mais j’invente rien, Madame, toutes mes informations viennent de Wikipedia ! » Quand un élève me sort ça, curieusement j’ai envie de le tarter, puisque à peu près la moitié du temps passé par chaque professeur à lui enseigner quelque chose consiste à lui enseigner que, et de 1) Wikignagna (et équivalents) c’est le MAL pour tout apprenant, et de 2) il faut vérifier et recouper chaque information, et de 3) il faut porter un regard critique sur chaque information. Lorànt Deutsch est donc un bien triste exemple de l’échec scolaire. Qui a fait des études de philo… mmmmmhh… C’est pt’et’ pas de la faute de l’école, alors… mais celle du personnage.

Les fondations du Louvre
« Oui mais Madame, Wikipedia Sauval c’est un grand historien hyper trop cool, alors on peut le citer sans problème ! » Bon alors on va s’occuper sérieusement du soldat Sauval et du Louvre (1), puisque c’est le seul truc sur lequel Deutsch a voulu répondre (avec la canonnade de la Colonne de Juillet sous la Commune, mais cet exemple-là, il ne l’a « développé » que dans les colonnes du Figaro, il doit pas être trop sûr de son coup…(2) Je note aussi qu’il ne répond qu’à deux exemples très précis soulignés par William Blanc. Les bêtises sur Héraclius, patriarche de Jérusalem qui prêche la IIIe croisade dans une Notre-Dame pas finie, relevées par Christophe Naudin, et les dizaines d’autres erreurs et manipulations, il n’y fait même pas allusion) :
« Je suis surpris de constater que des élus de Paris, des historiens ou des étudiants censés avoir un minimum de savoir, ne connaissent pas ou fassent exprès d’ignorer des auteurs comme Henri Sauval, qui est peut-être le premier plus grand historien de Paris. Lui-même fait remonter la forteresse à l’époque des Francs. Et plus récemment, Jacques Hillairet la situe au IXe siècle »
Sauval donc, 1623 – 1676. (oui parce que pour Hillairet, il a oublié de mentionner ses idées dans le livre). Hum…Voyons, voyons… Alors comme ça, on peut critiquer Michelet (s’en prend plein la gueule de la part des pro-Deutsch sur les forums parce qu’il a été utilisé à plus soif par les « républicains »… comprenez la gauche) ou Carlyle (très beau Carlyle, mais qu’est-ce que c’est daté, même pour les anglais !), parce que ce sont que des écrivaillons du XIXe, et que arf !, tout le monde sait que les Romantiques et l’Histoire… mais un historien du XVIIe, ouh Grands Dieux, non, c’est Parole d’Évangiles, chut Ginette. Ouais mais Ginette, c’est une chieuse. Ginette pense qu’un historien, qu’il remonte au XVIIe, au XIXe siècle, à 1959, à 2012 -1, il est compulsé par un lecteur qui a un minimum de quatre neurones qui marchent ensemble pour se rappeler qu’une époque influence ce qu’on écrit, les courants de pensée aussi, la subjectivité personnelle itou, que la recherche ça évolue constamment, et Ginette pense que croire aveuglément quelqu’un qui affirme des trucs, paf paf avec un air assuré, sans essayer de recouper un minimum, ben c’est la preuve par 3, l’âge du capitaine et l’envergure des ailes des mouettes, qu’on est un gland. Oui, elle est pas sympa, Ginette. Un peu vénère.
Sauf que tiens, pour la peine, Ginette n’a pas tellement envie de critiquer Sauval, parce qu’en fait, Sauval, il fait vachement bien son boulot d’historien, et Deutsch, lui, a un peu oublié de lire Sauval dans le texte (il a pris la version Spirou, y’avait que ça à la bibli) :
Deutsch fait donc remonter le Louvre aux Francs, à Childéric Ier pour être précis (vous excuserez l’absence de photo de la page, je n’emmène pas mon petit Métronome en vacances sous la pluie bretonne, on a bien assez à supporter avec le mauvais temps. Et comme j’ai vu les glandus sur les forums et certains blogs crier : « faussaires ! faussaires ! vous avez déformé la citation de Deutsch, c’est pas ce qu’il dit », je le renvoie aux interviews et en particulier à celle citée au dessus, où il dit clairement que si, si, on avait bien compris). Apparemment il voulait dire Childebert Ier (fils de Clovis. Ça tombe bien, LD parlait en effet du fils de Clovis), parce que de Childéric (père de Clovis), point dans Sauval. Mais alors ouh là, non non, dit Sauval, Childebert, il n’a pas construit le Louvre : 
Voilà pour Childebert. « Raillerie ». Je ne vois pas qu’elle partie Deutsch n’a pas compris. Bon admettons qu’il ne date pas le Louvre de Childebert directement, mais qu’en en fait il se contente de préciser que l’étymologie saxonne expliquerait une datation… à l’époque de qui, en fait ? Non parce que le Saxon, c’est utilisé sur une période importante. Supposer une datation sur une étymo, c’est déjà hyper-risqué, mais dire : ‘voilà, ça remonte à l’époque de Childe-truc à cause de l’usage d’un langage’, c’est du cliff-diving avec un couteau-suisse. D’ailleurs, Sauval, se garde bien d’assurer quoi que ce soit, il est bien trop malin pour ça :

Vous remarquerez que non seulement, l’étymo saxonne vient après plusieurs autres suppositions, que Sauval utilise un conditionnel « pourrait », et introduit carrément le tout par « Sans rien trouver qui m’ait contenté. » Il affirme trop des choses Sauval, dites donc !
Deutsch a lu juste le dernier paragraphe et roulez jeunesse. Ça donne une toute autre vision de sa méthode historiographique. En fait, je suis presque surprise qu’il n’y ai pas plus d’âneries dans ce livre.
Il est nul en datation (et en lecture), okay. Okay. J’ai gagné cette manche. Mais au fond c’est quand même rien du tout, se tromper sur le Louvre, de quelques siècles, tout le monde s’en tape au fond, c’est une belle histoire, le Louvre, 7 siècles dans les dents ou pas. « D’façons Madame, après nous le Louvre… » (Gaffe, tu vas l’avoir ta beigne, le Bigorneau) Heu… oui, mais… pourquoi c’est cet exemple qu’il a décidé de défendre d’arrache-pied plutôt qu’un autre ? Comme dirait l’autre : 7 siècles, ça tâche, mais c’est que du gros rouge, c’est pas la fin du monde. Le Louvre c’est juste un gros château en plein cœur de Paris. Qui a été pendant très longtemps le château des Rois de France. Et le dater de Philipe-Auguste (1165-1223) (qui n’en a jamais fait son palais, précisons) ou le dater de (presque) Clovis, premier roi catholique franc qui « fonda » la Franceu Éternelleu (ou pas), ben ça fait pas le même effet.
Parce que si vous le datez de (presque) Clovis, vous expliquez qu’il a été bâti par les rois, puis habités par les rois, depuis les premiers rois francs jusqu’à Louis XIV (dernier roi du Louvre), vous démontrez la loooongue continuité de la royauté française (qui n’existe pas : la monarchie franque et la monarchie d’Ancien régime, ça n’a rien à voir), qui est la looooongue continuité de la France : en deux mots, comme en cent, la royauté, la monarchie, c’est la France, regardez le beau symbole fort que je vous offre sur un plateau. Et n’oublions pas non plus que mettre en plein cœur de Paris un Louvre aussi « essentiel », et ce depuis les Francs, c’est dire très clairement que ah ah, Paris, c’est quand même le centre incontesté du pouvoir en France : et Paris-centre du monde, c’est quand même une belle « raillerie ».
Non, non, Deutsch n’est pas un idéologue qui fait du prosélytisme royaliste. Oh non, dites. Ça se verrait quand même s’il osait. Il ne transforme pas le Louvre en symbole hyper-clinquant de la Monarchie Éternelle. Et il ne se vante pas d’être royaliste dans la moitié de ses interviews de promotion du livre (mais jamais de ses films… étrange, non ?), il n’arbore pas des signes ostentatoires, ne nous explique pas que depuis 1793 notre civilisation est finie. Non, nous sommes de mauvaise foi (forcément, ch’uis une fille). On se fait des idées (forcément, ch’uis une gauchiste). On est bien aidés (forcément, t’es prosélyte).
Sur ce point, d’ailleurs, je suis en profond désaccord avec certains historiens et/ou observateurs qui regrettent que le débat se soit déplacé vers la politique et l’idéologie plutôt que d’être resté sur l’absence de méthode et les erreurs historiques. D’abord, il ne s’est pas déplacé tout seul, il a été déplacé, ce qui est un problème lié aux médias (le problème des médias est important dans cette histoire : s’ils avaient fait leur boulot de critique dès le début, on n’en serait peut-être pas là). D’autre part, les problèmes de méthode et les erreurs sont intégralement liés à l’idéologie de Deutsch, ils en découlent. Il n’aurait pas « mal lu » Sauval s’il n’avait voulu y lire ce qui correspondait à son idéologie. Il n’aurait pas « oublié » de mentionner Hillairet qui vieillit vachement moins le Louvre . C’est le faire passer pour un benêt (qu’il n’est pas) que de dire qu’il n’a fait ça que par maladresse ou ignorance, et c’est minimiser la portée de ses manipulations que de les prendre pour de simples erreurs. Pour moi, un livre avec des approximations « innocentes », ça ne cause pas le même genre de dégâts que des transformations de faits qui suivent une ligne directrice.
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Revenons-en à notre affaire. Je pourrais dire qu’il est dommage pour Deutsch d’avoir aussi mal choisi un exemple aussi facilement démontable pour se défendre, mais justement non, puiqu’il l’a choisi volontairement. D’ailleurs, à part un article qui souligne que Sauval ça date un peu, tout le monde a gobé poliment : ben oui, il a une source. Donc c’est vrai. Je n’ai qu’une chose à dire :

J’ai des sources !
Non, le problème avec Deutsch, c’est qu’il a décidé de ne pas se défendre sur l’Histoire (mazette, en débat, il doit être faiblard pour défendre sa passion). Le seul « argumentaire » de Deutsch, c’est d’attaquer directement son premier détracteur, William Blanc. Hum… okay. C’est classe. Le débat s’élève… Puis alors, je vous dis pas, le niveau des attaques est sidérant :
« Toute cette polémique est partie d’un étudiant en histoire qui a pris mon livre pour cible et s’acharne depuis six mois à détruire mon travail et insinue que je suis le relais d’une idéologie. »
« Un étudiant qui m’attaque depuis le début (…) C’est de la jalousie. (…) Ils font fausse route mais c’était voulu de leur part car ils cherchaient une visibilité et une médiatisation. C’est réussi! »
« Tout repose sur les propos d’un étudiant qui a une vision de l’histoire différente de la mienne. Qui entend se faire voir. Et qui a trouvé de l’écho auprès de certains élus. »
« Ce n’est pas grâce à ses vidéos amateurs (sic) sur Paris qu’il se serait fait connaître » (oui « amateure » prend un e, puisque « vidéo » est féminin)
« Un étudiant ». Quand j’entends ça, moi je sors ma réac intime pour lui demander l’heure, et elle au mot « étudiant » dans la bouche méprisante de Deutsch, elle entend « sale méchant petit con ignorant de licence (deuxième année) ». Pas un doctorant. Deutsch évite soigneusement le mot. Parce qu’un doctorant, ce n’est pas un « étudiant », il n’étudie rien, il cherche, (chapeauter par un directeur de recherche de fac). Même Deutsch ne peut pas faire mentir ça.
Et puis, c’est un étudiant « jaloux ». De quoi ? Que Deutsch ait du succès avec ses livres ? Non, pas vraiment. Soyons clairs, on est jaloux quand on se bat sur le même terrain (la publication, par exemple) et qu’on n’a pas le même succès. Aucun des détracteurs de Deutsch n’a publié de livre. Ils s’en foutent. Par contre, ils sont confrontés tous les jours à des gens qui ont cru les imbécilités de Deutsch et les ont prises pour la vérité toutes crue. Et honnêtement, personne n’aime perdre son temps à démonter la pseudo lignée royale de Jeanne D’Arc (histoire vécue, merci bien 😦 )
« Une vision différente de la mienne ». Alors là, marrons-nous un bon coup. Un philosophe a le droit d’avoir une opinion différente de celle d’un autre, un politicien de droite a le droit de se foutre sur la mouille avec un politicien de gauche, et inversement, les politologues et les économistes peuvent s’envoyer des missiles sol-air par médias interposés : c’est cool. Mais imaginez un peu, un historien ose critiquer un non-historien qui fait de l’Histoire, sacredieu, mais c’est juste un type qui veut se faire voir ! Il vole très haut ce débat, je vous jure. Que les réacs écrivent des livres, j’ai envie de sortir ma Lapalissade du mois, mais euh : c’est bien normal! Qu’ils écrivent ce qu’ils veulent. Pas contre, et là il faut arrêter de prendre les gens pour des cons, on a le droit de critiquer ce qui scientifiquement est faux et de dénoncer ce qui est idéologiquement marqué, surtout quand ça avance masqué. C’est exactement ce que font politiciens, philosophes, économistes, politologues et autres, sans que l’existence de cette critique ne fasse tressaillir d’horreur les gardiens hyper-moraux de la liberté d’expression. Et empêcher la critique « de gauche » ou historique (qui ne sont pas les mêmes) en les ravalant à du stalisnisme ou à de la jalousie, c’est bien plus une atteinte à la liberté d’expression que de demander à UNE mairie d’arrêter de faire de la pub (d’ailleurs, le site de Goliard[s] précise même qu’eux ne sont pas pour qu’on enlève la page de pub. Personnellement, je ne suis pas d’accord, là-dessus : la pub gratuite pour un truc auquel la Ville n’a pas participé, non.).
La dernière phrase, c’est le rase-moquette de l’argumentation de Deutsch : d’ailleurs, cet énergumène d’historien ose faire des vidéos nulles, « amateures », sur Paris. En fait, non, il n’en fait pas, et Deutsch avoue même qu’il n’a pas regardé en entier la seule vidéo qu’il a trouvée, qui n’est pas du tout ce qu’il prétend (et moi j’ai décidé de ne pas la linker, parce que c’est vraiment du n’importe quoi cette histoire). Mais c’est encore une fois révélateur de la « méthode Deutsch » : j’ai des sources, mais je les ai mal consultées, et je leur fait dire n’importe quoi. »
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Et pour peu que Lorànt Deutsch se sente seul, attaqué dans son coin par une armée de mécréants d’ultra-gauche assoiffés de sang, rassurez-vous encore, il s’est découvert une armée de défenseurs très sympathiques qui doivent lui donner, même à lui, des sueurs froides la nuit, entre deux cauchemars sur Sauval. Parce qu’il faut bien comprendre que l’idéologie de Métronome plait à beaucoup de gens (1,5 à 2 millions d’exemplaires vendus, version des manifestants contre version de la police), pas seulement parce qu’elle est amusante (ou pas), mais aussi parce qu’elle glorifie une Histoire de France millénaire, une Histoire de la France la vraie, une Histoire de Nos frontières, de Notre culture, de Notre identité.
Identité, le mot est lâché. Bouh, cachez les plus jeunes, protégés les faibles, et surtout, surtout, dernière précaution d’usage : un sabre japonais, contrairement aux armes automatiques, ne sera jamais en manque de munition… (oui, j’ai lu quelques manuels en prévision de la Zombipocalypse). Métronome, c’est un peu le bréviaire qu’attendaient avec impatience un terreau très frais de gros réacs et d’allumés de l’antimondialisation, de l’islamophobie, de la dénonciation de la gauche internationnaliste-bienpensante-penséeunique-francmaçonne, les Identitaires (3). Oui rien que ça.
Pour eux, Gallo, c’est trop roman historique, et ça a pris un coup de vieux. Minc, c’est très sarkosyste, coucou opportuniste qui s’approprie les idées des autres, mais qui n’a pas la vraie foi de l’Identité Nationale. Ferrant, c’est un historien, aussi réac soit-il, il aura toujours contre lui cette tare immonde. Seycher ne s’intéresse qu’à la Vendée.
Deutsch par contre, c’est un « saltimbanque » (pour reprendre le mot de ses défenseurs. Acteur ou comédien, c’est pas assez sautillant). Un type sympathique, le gendre idéal, pas un universitaire « assis derrière son bureau à décrypter des archives médiévales« , mais un passionné qui marche sans fin dans les rues de Paris (sortez vos violons). Il ne raconte pas une Histoire chiante comme les autres, lui, il raconte des histoires, il est ludique, c’est un conteur né (ou alors, c’est Emmanuel Heyman, son ghost-writer. Mais conteur, c’est plus ce que c’était ; avant on avait Pierre-Jakez Hélias, c’était d’un autre niveau.). En gros, il présente bien.
La com et la propagande, c’est le nerf de la guerre. Un baltringue comme Casali qui opéra-rockise Napoléon pourra plus facilement vous faire croire que Napoléon, Louis XIV, Clovis, Henri IV, la Fée Clochette ont été rayés des programmes scolaires, ce qui bien sûr est à mourir de rire (encore que la Fée Clochette, elle, n’a pas survécu à l’épuration) que Laurent Wirth, doyen du groupe histoire-géographie de l’Inspection générale de l’Éducation nationale (c’est vachement moins glam) ne pourra vous convaincre du contraire : et pourtant, il le sait bien mieux que Casali, puisque c’est lui qui les fait les programmes !

« Les Jeunesses Nationalistes-Revolutionnaires défilent avec rangers et fanions, le 9 mai 2011 à Paris »
© http://www.streetpress.com/
Vous ne me croirez peut-être pas, mais les extrémistes de droite aiment beaucoup la Fée Clochette
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Tout à commencé avec l’association Paris Fierté, de l’extrême-droite catho qui fait des marches pour Sainte Geneviève, « mémoire et fierté » (et les mecs, je crois qu’on s’est croisé à votre dernière marche anti-avortement !), qui a lancé une pétition pour sauver Deutsch des Griffes du Mal. Reprise aussitôt par Bloc Identitaire, partenaire historique de Paris Fierté,
« Les élus du front de gauche ont mené un procès stalinien à l’encontre de Lorànt Deutsch. Selon eux, pour faire un bon ouvrage il faut être républicain et vouer un culte à Robespierre. Et surtout, les élus du partis de gauche se positionnent encore une fois contre l’identité et le patrimoine français. » (cité par Les Inrocks)
puis par l’Oeuvre Française sur le site Jeune Nation (que j’avais déjà cité) :
« En parfait exemple de l’anti-France cosmopolite qu’elle représente jusqu’à la caricature, la gauche corrompue, bobo et mondialiste s’en prend désormais au Métronome de Lorànt Deutsch par sectarisme idéologique et par haine viscérale de tout ce qui est Français. [Lorànt Deutsch fait redécouvrir l’Histoire de France] Autant dire que c’est précisément ce qui fait vomir tous les petits sectateurs de cette gauche idéologique libérale et maçonnique pour qui la France n’est née qu’en 1789. »
J’aime beaucoup Jeune Nation. Des p’tits jeunes sympathiques que j’inviterai tout de suite chez moi pour refaire la déco si un jour je veux faire tomber une cloison à coup de barres de fer. Les Inrocks rappellent que l’Oeuvre Française dont ils dépendent est « un mouvement pétainiste fondé en 1968 par Pierre Sidos ». Tiens, et puisqu’on parle de pétainistes, nos amis de Rivarol ne sont pas en reste avec cet article qui commence plus ou moins avec cette phrase culte et hallucinante :
« En un mot, de vrais historiens, ceux qui souscrivent sans doute entièrement à l’histoire telle qu’elle est racontée dans les manuels de l’EducaSion Nationale, s’émeuvent de ce que leurs impôts financent le projet d’un catholique royaliste. Que devraient dire les nationalistes, qu’on gave de fictions anti-pétainistes et exterminationnistes à longueur d’année? »
Rivarol, les deniers soutiens des pétainistes, travail, famille, patrie, p’tites fleurs. (quand je pense que Rivarol est en vente dans mon Auchan, à hauteur de mains des gosses…)
L’article des Inrocks cite aussi, avec une capture d’écran incomplète, un article de Minute. Ma limite perso à la connerie étant Minute (oui, je sais, j’ai réussi à survivre à Jeune Nation et Rivarol, mais pas à Minute, allez comprendre), vous n’aurez pas de lien direct vers leur site. Mais pour se venger, on peut aussi allez découvrir Nouvelles de France (et l’étrange rédacteur de l’un de ces articles, François Préval, qui sur cette histoire Deutsch se dit docteur en Histoire, précision qu’il n’a jamais donnée pour aucun de ses précédents articles sur le site. Précision invérifiable puisqu’il n’existe aucun François Préval dans les recherches Google que j’ai faites — ni historien ni docteur ou doctorant, ni quoi que ce soit ; il a dû le passer il y a longtemps son doctorat… ou pas — et surtout aucun François Préval n’existe pas en dehors du site très droite bête qu’est Nouvelles de France. Par contre ses articles sont cités par des blogs NDP — Nouvelle Droite Populaire, écusson à fleur de lys et idées d’extrême-droite identitaire — et par le site d’Action Française. Un vrai-faux historien et que du beau linge).
N’oublions pas de citer les soutiens historiques de LD, le Bréviares des Patriotes (4) (linkés régulièrement par le Facebook officiel de Lorànt Deutsch), Riposte Laïque, qui comme son nom l’indique est un groupe d’hyper-catho « laïque » sur l’Islam (bien sûr…), l’argumentaire très bien monté et néanmoins complètement débile de Métamag (« L’histoire : apprendre les racines du futur »), sans oublier nos amis du Figaro (oui, moi je classe maintenant Le Figaro à l’extrême-droite. Parce que, je les aime pas, voilà. Et que je suis de très mauvaise foi sur Le Figaro. EDIT : en fait, non, dites : il semblerait bien que l’objectif à long terme soit de faire du Fig un vrai journal de la Droite dure — lien Médiapart pour abonnés.).
Et pour finir en beauté cet article qui commence à devenir long, le FN, site officiel. Aïeuh.
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Hé bien dites donc, mes agneaux, en voilà un beau et intéressant débat qui aura élevé nos intellects et révélé les plus beaux esprits de toutes les plus belles élites de notre bien formidable Nation ! Je regrette pas d’être passée. Par contre, je regrette un peu la critique historiographie, morte de sa belle mort, sur la Place de l’Hôtel de Ville à l’heure de l’apéro… Il faisait presque beau sur Paris, mais on avait un peu froid…
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(1) Oui, ça a déjà été très bien ailleurs, mais bon, ça n’est jamais mauvais de refaire une argumentation qui en confirme une autre s’il elle peut permettre de démonter une arnaque. Pour une autre analyse passionnante, allez voir là. (retour au texte 1)
(2) Mais quel baltringue, ce mec : je suis allée voir sa référence sur la canonnade de Juillet, dont il dit dans le livre : « À coups de canons tirés du haut de Montmartre, la Commune de 1871 tente de détruire cette colonne qui, pour ces Républicains extrêmes, reste un symbole d’alliance entre un souverain et son peuple. La colonne reste debout et la République aussi. » (page 336). Sa référence, c’est Eugène Hennebert, un livre particulièrement anti-communard :

Dans le Paris bien-aimé de Lorànt Deutsch, le Panthéon est donc sur la Butte Montmartre et les abords de la place de la Bastille, à deux pieds près, c’est tout pareil que la Colonne de Juillet
Oh allez, on chipote, einh ?…

Surtout qu’elles sont Versaillaises, ces batteries, et qu’elles sont donc destinées à casser du Communard…
(retour au texte 2)
(3) Si toi aussi, tu veux jouer à retrouver les méchants « France-aux-français » parisiens, qui se trouvent peut-être en bas de chez toi, ça tombe bien, certains sont allez faire une petite carte découverte pour toi. Cool, de longs week-ends de découverte anthropologique en perspective, youpi !(retour au texte 3)
(4) Avec un programme qui fait chaud au cœur, je vous jure : « Le Bréviaire des Patriotes est un site web d’information et de réflexion patriotiques, voué à informer et à rassembler les patriotes de tous bords. A travers l’étude de l’actualité, décryptée par l’Histoire, nous luttons pour un éveil des consciences et de la nation, dans l’espoir de renouveler un jour avec notre souveraineté et, à terme, notre grandeur passée. Notre ligne patriotique s’attachera à dénoncer au mieux les dérives actuelles du mondialisme et du sans-frontiérisme, et à promouvoir les éternelles valeurs conservatrices, protectionnistes, bonapartistes et gaullistes de la France. » Mayday… (retour au texte 4)
Au fait, pardon, j’mexcuse, WordPress spamme et fait des trackbacks/pings sans mon consentement, désolée 😦