Végéta

2050. Le monde est loin d’être parfait. Les guerres font toujours rage. La montée de l’extrême-droite ne s’est pas arrêtée. Mais une cause a gagné : celle des animaux. Le monde est devenu végétarien. Ou plutôt végétalien.

On ne peut plus produire de viande ni de poisson pour la consommation. Humains, chats, chiens, ils sont tous devenu végans. La possession d’animaux de compagnie autre que ces deux races ainsi ayant été interdites, ainsi que les zoos, les problèmes d’alimentation des espèces carnivores ne se posent plus. La disparition des zoos a accéléré la disparition de plusieurs espèces carnivores en danger d’éradication, comme l’ours blanc, mais le problème était insoluble. La chasse est interdite, la possession d’un animal en vue de le transformer en nourriture est punie de graves amendes. Il n’existe plus d’abattoirs industriels, ni d’ateliers de transformation de la viande.

Il a fallu régler le problème des espèces animales non sauvages, comme les ovins et les bovins. Plusieurs aspects ont dû être étudiés. En premier lieu, le contrôle des populations. Une fois l’abattage interdit, dans les premiers temps, il fut difficile de contrôler une si importante population animale. Il fallait en même temps améliorer leurs conditions d’élevage, augmenter les capacités des enclos pour accueillir les bêtes non abattues, tout en payant du personnel pour s’occuper de ces entreprises qui ne produisaient aucun biens. Ces différentes mesures fort coûteuses furent en premier lieu compensées par une augmentation d’impôts. Il fallut cependant se résoudre à mettre en place des politique d’abattage de contrôle et de stérilisation de masse pour éviter la croissance exponentielle de la population. Il fallait éviter de reproduire la terrible expérience des lapins en Australie au XIXe siècle. 80% de la population bovine et ovine, par exemple, dut être stérilisée.

La question du lait fut l’objet de nombreux et houleux débats. Outre que les entreprises de production laitière n’étaient souvent pas meilleures que les terribles entreprises d’élevage et d’abattage qui venaient d’être interdites, le problème du contrôle de la population était incompatible avec le moyens de production laitiers. Ceux-ci furent finalement interdits, malgré les nombreuses protestations des producteurs de fromages. Le métier disparut.

Le chômage dans les filières agro-alimentaires augmenta. On essaya de rassembler fermes de protection animale et fermes agraires, mais les bénéfices des unes ne couvraient pas les frais de gestion et de personnel des autres. Les impôts furent maintenus, les aides des états et de l’Europe explosèrent.

La production de cuir fut aussi stoppée. Tout comme une bonne partie de la production de laine : en Australie et en Nouvelle Zélande, l’importance de l’élevage ovin avait un impact sur l’habitat des espèces autochtones, voire des massacres.  Suite à un énième massacre de kangourous, seuls les élevages familiaux de moins de 20 bêtes furent permis dans ces pays, qui procuraient une grande partie de la production lainière mondiale.

Des filières de contrebandes de viandes animales furent créées pour une demande toujours plus grandes. Les prix sont élevés. La meilleure viande vient d’Amérique du Sud, et les morceaux de moindre qualité de Chine où ils sont produits dans des conditions atroces, encore pires que celles que les nouvelles lois ont fait interdire. C’est un plaisir de riches.

La problématique de la gestion des terres arables n’est toujours pas réglée en 2050. Une bonne partie du problème résidait dans l’élevage intensif et les législateurs pensaient que supprimer un problème entraînerait la disparition de l’autre. Ce ne fut pas le cas. En premier lieu car le problème de l’élevage intensif ne disparut pas. Les élevages étaient toujours présents, même si contrôlés, et plus destinés à l’alimentation. La décision de les réduire drastiquement n’avait pas encore été prise. Par ailleurs, la disparition de la viande poussa à intensifier la production céréalière et légumière. La surproduction et le gaspillage ne furent pas réglés. Pas plus que la répartition des richesses et des ressources.

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Aujourd’hui, je me suis fait insulter parce que j’ai dit que je haïssais l’idéologie végétarienne que je trouvais absurde, irréaliste, et infantile. Je persiste. Mon scénario est extrême au possible, mais relativement réaliste.

Il y a pas mal de gens végétariens juste par conviction personnelle. Malheureusement, la majorité de ceux que j’ai rencontrés ont essayé de m’obliger à l’être, en me culpabilisant notamment sur mon physique, et non sur mon possible impact sur la planète ou les animaux (errrr ???). Dernière réponse en date, donc : « mes analyses de sang sont parfaites, et je suis végétarien depuis plus de vingt ans [les miennes aussi, sans blague](…) Méchanceté gratuite pour méchanceté gratuite, je te souhaite de soigner ton surpoids en mangeant des légumes et des fruits. A défaut de soigner ta connerie.« 

Contrairement à beaucoup de gens, et contrairement à beaucoup de végétariens militants, j’ai réfléchi aux conséquences d’un végétarianisme universel (en dehors du fait qu’on ne poussera jamais la population mondiale à abandonner la viande). Et je ne suis pas convaincue. Absolument pas.

Oui, l’élevage et l’abattage animal sont une cause très très TRÈS importante, et il faut lutter contre ses abus dégueulasses. Mais il faut le faire en étant responsables. La viande fait partie de l’alimentation humaine. Ce n’est pas une idéologie, c’est un fait biologique. Nous sommes omnivores. Nous pouvons manger de tout, parce que nous devons manger de tout. Le végétarianisme est un choix de vie. Être omnivore est biologique, être végétarien est idéologique. Et pas le contraire. Je n’oblige personne à manger de la viande, je ne milite pas pour la viande. Et même cet article ne milite pas pour la viande. La viande n’a pas besoin qu’on milite pour elle.

En France, sur 67 millions d’habitants, 1 millions sont végétariens. C’est énorme, et c’est très peu. Ce qu’il faut retenir c’est que 66 millions de personnes mangent de la viande toutes les semaines. Qu’ils mangent de la viande venant d’abattoirs et d’élevages dégueulasses. Leur dire d’arrêter la viande ne leur fera pas arrêter la viande. Ça ne marchera pas. Ce qu’il faut, pour lutter contre cette situation immonde, c’est responsabiliser les mangeurs de viandes. Et être réalistes.

Ne pas manger des animaux par respect pour la vie, c’est admirable, et je pèse mes mots. Mais je pèse tout autant mes mots en disant que l’idéologie végétarienne, l’idéologie politique du « tous végétarien », est absurde, irréaliste, et infantile. Ça ne marchera pas. C’est contre-productif. La culpabilisation ne marche pas. La responsabilisation, oui.

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Ceci est un article énervé, épargnez-vous et épargnez-moi les coms.

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